[-] Klaqos@sh.itjust.works 2 points 1 day ago* (last edited 1 day ago)

Il ne s'agit moins d'une remise en cause de la question de planet-score que d'une charte graphique permettant une meilleure lisibilité auprès du consommateur et d'éviter la confusion avec le Nutriscore.

Si j'achète 40 produits je jette un coup d'oeil rapide, si les items sont exactement les mêmes alors je perds du temps et ces labels perdent leur impact et donc leur intérêt.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 0 points 1 day ago* (last edited 1 day ago)

Bonne nouvelle même si l'association reste entachée d'histoires border genre comme celle du maire de Capbreton ou le financement de Vinciguerra par rapport à Kohler (d'ailleurs un peu de mauvaise foi on pourrait dire que l'animosité d'Attal par rapport à Kohler n'est pas anodine dans cette décision).

4
submitted 1 day ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

Cela devait être la dernière étape judiciaire préparant sa rédemption, après des aventures cybercriminelles mouvementées commencées à la fin de son adolescence. Cet épilogue est désormais compromis par une fuite en Abkhazie, région séparatiste de la Géorgie sous tutelle russe. Piqués au vif par l’absence d’Augustin Inzirillo, jeudi 5 septembre, les magistrats de la 13e chambre correctionnelle ont condamné cet informaticien autodidacte de 26 ans à une peine de trois ans de prison dont la moitié avec sursis, assortie d’un mandat d’arrêt.

Ce quantum va « bien au-delà des réquisitions du parquet » – trois ans de prison avec sursis –, convient le président du tribunal, Guillaume Daïeff. Mais les juges considèrent que l’escapade du prévenu en Abkhazie, introuvable depuis des mois, est une « fuite ». « Cette proximité avec la Russie », pays notoirement laxiste avec les cybercriminels, « c’est assez intrigant », remarquait un peu plus tôt la substitut du procureur, Audrey Gerbaud. « Cela attire l’attention sur une éventuelle récidive », estime-t-elle. Dans une lettre lue en début de l’audience, Augustin Inzirillo faisait pourtant part de son vif souhait d’être présent à son procès. Mais il arguait ne pouvoir se rendre en Géorgie pour y prendre l’avion à cause d’un problème de visa. « Quand je serai libre de voyager, je serai ravi de me présenter devant vous », concluait-il.

Augustin Inzirillo était poursuivi pour avoir développé sept ans plus tôt un programme malveillant : TinyNuke. Ce malware bancaire a été diffusé de mars à septembre 2018 par des campagnes d’hameçonnage. L’ouverture malencontreuse du lien contenu dans les e-mails reçus par les victimes déclenchait le téléchargement du logiciel, conçu pour récupérer des informations sensibles, comme les couples identifiants-mot de passe, mais aussi pour lancer de manière automatisée des virements en cas de connexion à des sites bancaires.

Selon les dires d’Augustin Inzirillo, ce programme était exploité par un gang de pirates algériens. Le jeune homme affirme avoir été mis en contact avec eux par Hamza Bendelladj, une figure de la cybercriminalité alors en détention aux Etats-Unis. L’enquête a mis au jour une trentaine de virements bancaires frauduleux, dont onze réussis, se soldant par le transfert d’environ 100 000 euros depuis les comptes de sept victimes. Augustin Inzirillo, lui, aurait touché environ 10 000 euros par mois.

« On ramène le jambon et les Leffe Ruby »

« C’est un jeune homme qui s’est brûlé les ailes, plaide son avocat, Robin Binsard. Il était mû par une sorte de reconnaissance, il voulait être repéré, mais une fois en ligne, sa créature, son programme, l’a dépassé. » A l’époque, le jeune homme né en Californie est en effet en pleine dérive. Arrivé dans l’Hexagone à ses 12 ans, il lâche le lycée quelques années plus tard pour un cocktail détonnant : jeux vidéo à outrance et écriture de programmes malveillants.

TinyNuke fait la fierté de l’informaticien autodidacte, au point qu’il en diffuse le code aux yeux de tous sur le site de partage GitHub. Mais cet amour-propre est également à l’origine de sa chute. Comme rappelé à l’audience, vexé par les messages d’alerte sur le réseau social Twitter d’un spécialiste en sécurité informatique de la Société générale, Augustin Inzirillo entame une riche correspondance avec ce chercheur qui le traque, des investigations à l’origine de la procédure judiciaire.

Ces e-mails et ces messages publics ou privés, publiés sur Twitter, ont été lus avec gourmandise à l’audience et révèlent un étonnant mélange de confessions et de blagues. Il y a aussi des insultes, mais Augustin Inzirillo conteste là en être l’auteur. Le jeune homme explique par exemple ne pas vouloir être « un codemonkey », un développeur effectuant seulement des tâches de routine. « Wesh les collègues on se fait un casse-croûte ? On ramène le jambon et les Leffe Ruby », blague-t-il dans un courriel. Un dernier tweet, envoyé le 28 août, prend la forme d’une dernière bravade : on y découvre la photo du passeport d’Augustin Inzirillo, présenté comme le développeur de TinyNuke.

A l’époque, le jeune homme a déjà la suite en tête. Après la Serbie, il a rejoint l’Ukraine. A court d’argent, il peaufine un nouveau programme malveillant, Vareniky, qui va permettre de lancer une vague d’extorsions. Elles vaudront au jeune homme, qui s’est rendu entretemps, une condamnation en novembre 2023 à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Un procès encore frais dans la mémoire des juges parisiens. A l’époque, Augustin Inzirillo avait assuré aux juges vouloir reprendre des études pour travailler au plus vite et ainsi rejoindre son épouse vivant à Paris. On connaît la suite.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 5 points 1 day ago* (last edited 1 day ago)

Ça reste du droit, le périmètre de ces pratiques est plutôt large, le coup du planetscore pourrait rentrer dans l'interprétation de ces dispositions : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006069565/LEGISCTA000032220953/

[-] Klaqos@sh.itjust.works 3 points 1 day ago

Me demande si la DGCCRF peut considérer ce type de manipulation comme une pratique commerciale trompeuse.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 6 points 1 day ago* (last edited 1 day ago)
9
submitted 1 day ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

Léguer une société plus inclusive. Telle est l’ambition affichée des Jeux olympiques et paralympiques, surtout dans une capitale française critiquée pour le manque d’accessibilité de son métro et de ses sites pour les personnes handicapées. Charlotte Puiseux, docteure en philosophie et militante «handi-féministe», alerte sur un certain «discours médiatique» faisant des parathlètes des personnes extraordinaires, occultant autant leur performance que, plus généralement, «les problématiques sociales du handicap».

Que pensez-vous des propos de Teddy Riner qui a qualifié les parathlètes de super-héros ?

L’un des gros problèmes des Jeux paralympiques, c’est la super-héroïsation des athlètes handicapés. Le discours médiatique est celui d’une mise en scène de ces personnes dans des destinées de dépassement de soi, de transcendance de son handicap et de «leçon de vie» au détriment de la performance sportive. Toutes ces expressions, qui partent d’un bon sentiment des journalistes, participent à un discours validiste qui déshumanise les personnes handicapées. Une déshumanisation par le haut, car positive, mais qui les sort de l’humanité. Or, nous nous battons justement pour avoir les mêmes droits et opportunités que les personnes valides, et n’être ni discriminés, ni super-héroïsés. A lire aussi Les Jeux paralympiques, l’heure de rappeler que «les personnes handicapées n’ont pas pour but d’inspirer» Jeux olympiques et paralympiques 1er sept. 2024

L’autre difficulté, c’est que ces discours mettent l’accent sur la volonté des individus, en racontant que les parathlètes qui l’ont voulu s’en sont sortis, ce qui pousse à faire croire que «quand on veut, on peut». Cela occulte les problématiques sociales du handicap. Si on dit que ces personnes handicapées ont réussi par leur volonté, cela voudrait-il dire que si d’autres sont discriminées au travail, dans la recherche d’un logement et si elles n’ont pas de vie affective ou sexuelle, c’est parce qu’elles ne veulent pas assez s’en sortir ? On voit bien qu’on met de côté toutes les discriminations systémiques dans ce discours.

Les Jeux olympiques sont-ils une compétition validiste ?

Oui, dans leur ensemble, les Jeux olympiques sont validistes. Comme il y a une culture de la performance et que les résultats des athlètes handicapés sont moins élevés que ceux des valides, cela discrimine les parathlètes. Je pense qu’il faut donc déconstruire cette compétitivité, cette idée de pousser les corps à l’extrême, de vouloir des performances toujours meilleures, plus grandes, plus hautes. Cela me semble d’autant plus important quand on constate les dégâts que cela peut entraîner sur la santé. Des personnes valides ont déjà fini handicapées à cause de surmenages ou d’excès d’entraînement.

Les JO sont organisés dans une société capitaliste de la culture de la performance et de la compétitivité, sur fond d’enjeux économiques, politiques, de nettoyage social ou de contrôles policiers. C’est la même chose pour les Jeux paralympiques, même si ces derniers ont au moins le mérite de représenter des athlètes handicapés. Mais bien sûr, comme l’imaginaire des spectateurs donne priorité à la performance, ils ne prendront pas la même place que les JO.

Faut-il fusionner les Jeux olympiques et paralympiques pour lutter contre ce problème ?

C’est une question qui revient souvent, mais dont la réponse n’est pas si simple. D’un point de vue de spectatrice, c’est assez frustrant de voir que les Jeux paralympiques sont organisés après et que la couverture médiatique, même si elle tend à s’améliorer depuis Londres en 2012, reste moindre que celle des JO.

Mais comme l’explique la parathlète de badminton Milena Sureau, un mélange des deux Jeux se ferait sûrement au détriment des Paralympiques. Cette dernière prend pour exemple une conférence de presse mélangée, à laquelle elle a participé, et où les journalistes ne se sont tournés quasiment que vers les valides. Si vous mettez un ou une parathlète à côté de Léon Marchand, il ou elle aura beau avoir gagné toutes les médailles possibles, il n’y aura pas de comparaison. On vit dans une société validiste qui accorde plus d’intérêts aux valides, alors fusionner les Jeux risquerait de supprimer cet espace médiatique réservé aux handicapés.

De manière générale, dans nos sociétés néolibérales et capitalistes, on se doit de garder un petit espace pour les cultures minoritaires, que ce soit les personnes handicapées, les personnes queers, ou d’autres catégories. Mais il faut garder en tête que, par définition, les catégories dominantes ne les rendront jamais égales, cela amènerait à leur autodestruction.

Comment appréhender ces Jeux paralympiques, alors ? Faudrait-il les boycotter ?

Je ne sais pas quelle est la meilleure position à adopter, mais je pense qu’il faut avoir pleinement conscience de ce validisme, pleinement écouter les parathlètes et refuser le discours des politiques qui se servent de l’événement. Et nous, personnes handicapées, devons profiter de l’espace médiatique qui est offert pour dénoncer les validistes, le manque d’accessibilité, notamment dans la ville de Paris.

Vous êtes docteure en philosophie. Si on essaie de prendre un peu de distance, comment est-ce que la philosophie grecque abordait ces questions du handicap ?

En Grèce antique, on estimait que les corps étaient représentatifs de l’âme intérieure. Et donc que les personnes étaient handicapées physiquement car leurs âmes étaient mauvaises. Il y a donc un lien qui était fait entre l’âme et le corps. Aujourd’hui, on est encore un peu bloqué sur cette idée. De façon moins brutale sûrement, mais il y a dans l’inconscient collectif l’idée que les déformations physiques sont le reflet d’un mauvais comportement. Ce qui revient à dire que les personnes handicapées sont responsables de leur corps et qu’on peut dédouaner la société. Or renvoyer la question du handicap à l’individu demeure très problématique.

43
submitted 1 day ago* (last edited 1 day ago) by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

Un feu tricolore et une note pour informer sur le contenu des aliments. Le Nutri-Score est simple et a prouvé son efficacité : depuis sa mise en place en 2017, les produits dans le rouge ont perdu des parts de marché et ceux classés en vert gagnent du terrain. Les marques ont donc fait des efforts pour alléger la teneur en sucre, en sel ou en gras de leurs denrées.

Mais elles peuvent encore mieux faire : l’actualisation du Nutri-Score, qui vise à les y pousser, est déjà en vigueur dans les pays européens l’ayant adopté mais toujours pas en France. La publication du texte règlementaire détaillant la V2 du Nutri-Score a en effet été mise sur pause depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.

Le logo se veut accessible à tous dans les rayons car « l’obésité est un marqueur social qui touche davantage les plus précaires. Les études scientifiques indépendantes montrent qu’il est particulièrement efficace sur les populations défavorisées, qui ont moins accès aux informations nutritionnelles », met en avant Serge Hercberg, épidémiologiste et l’un des créateurs de l’étiquetage coloré.

Sous la pression des consommateurs et consommatrices, près de 1 200 marques ont fini par l’adopter. Même le géant Nestlé a cédé en 2019. Il s’en sert d’ailleurs maintenant dans sa stratégie de communication : un haut dirigeant de Nestlé Europe s’est même affiché en photo avec le « père du Nutri-Score », Serge Hercberg, sur le réseau LinkedIn, pour annoncer que l’entreprise continuera d’arborer le logo sur sa marchandise après la mise à jour.

En revanche, Danone a décidé de l’abandonner pour ses yaourts à boire Actimel, ainsi que ses boissons végétales Alpro, selon les informations de Mediapart. Contacté, Danone n’a pas confirmé à l’heure où nous publions cet article.

« C’est lamentable. Danone continue de mettre en avant le Nutri-Score quand cela met en valeur ses marques mais le retire de celles particulièrement pénalisées par l’actualisation du Nutri-Score. Et pour cause, il s’agit de produits très sucrés qui vont passer de la note A ou B aux notes C, D, voire E », réagit Serge Hercberg. « Ce rétropédalage montre que Danone retourne sa veste quand ça l’arrange », déplore également Audrey Morice, chargée de campagne de l’ONG Foodwatch.

Avec la mise à jour, les boissons végétales à base de soja, d’avoine ou de riz, sont à présent moins bien classées, au grand dépit de Bjorg, leader français de l’alimentation biologique. « Bjorg joue sur un marketing diététique et agit comme si le fait de vendre du bio lui donnait une sorte de blanc-seing pour le reste. Alors que cela ne l’empêche pas de proposer des produits trop sucrés », dénonce Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui a inventé le Nutri-Score.

En réponse, la marque a radicalement décidé d’abandonner le Nutri-Score. Elle le peut : il n’est toujours pas obligatoire de l’afficher sur la face avant des emballages.

Bjorg espère sortir de la photo de classe des bons élèves ni vu ni connu : depuis avril 2023, les emballages de ses produits arborent le Planet-Score à la place du Nutri-Score. Cet indicateur n’a rien à voir puisqu’il mesure l’impact environnemental, mais il utilise la même notation et le même code couleur. « C’est malhonnête. Il ne s’agit pas d’un logo officiel, contrairement au Nutri-Score, et le format graphique est si proche qu’on s’y trompe. Leurs produits sont déclassés en note C, D ou E avec la mise à jour. Mais ils affichent une note A ou B… grâce au Planet-Score, ce qui trompe le consommateur », dénonce Serge Hercberg, qui se lamente : « La capacité d’adaptation des lobbys rend difficiles les mesures de prévention. »

Interrogée par Mediapart, Bjorg répond : « Nos engagements pour la nutrition ne changent pas et nous utilisons toujours le Nutri-Score comme boussole pour élaborer nos nouvelles recettes. Il est toujours affiché sur les sites distributeurs. Et en scannant le code-barres de nos produits, vous pouvez le retrouver facilement avec des applications dédiées. »

Certes. Mais cela n’est pas le choix de Bjorg. Les acteurs de la grande distribution ont effectivement décidé en France d’afficher le Nutri-Score des aliments pour les commandes en ligne, même ceux des marques qui refusent de jouer le jeu. Grâce à cela, il est possible d’avoir accès aux produits majoritairement dans le rouge des marques Ferrero, Mars, Lactalis ou Mondelez International.

Des applications telles qu’Open Food Facts tentent ainsi de pallier le manque de transparence de ces cancres de l’agro-alimentaire, pour les consommateurs et consommatrices volontaires… Mais l’information ne vient pas directement à leurs yeux en poussant le caddie.

Dans la même veine mais au rayon charcuterie cette fois, Fleury Michon a décidé d’abandonner le Nutri-Score visible pour ses jambons les moins bien classés depuis octobre 2021 : un QR code le remplace pour « en savoir plus sur le produit ».

Quant à la gamme de boissons Emmi Caffè Latte, dont la note se dégrade du fait de leur teneur en sucre, elle a elle aussi laissé tomber le Nutri-Score depuis la mi-mars. Interrogé par Mediapart, le producteur assure que la notation plus sévère du nouveau Nutri-Score « n’a pas influencé [sa] décision. La raison principale est que d’autres concurrents de boissons à base de café et de lait n’ont pas introduit le Nutri-Score sur leurs emballages, ce qui ne permet pas de comparaison. De plus, il n’y a pas eu d’harmonisation au sein de tous les pays européens dans lesquels Emmi est présent ».

Une promesse non tenue de l’Europe En effet, seules sept nations européennes, dont la France, se sont converties au Nutri-Score. La Commission européenne avait fait la promesse d’une généralisation, mais « elle ne l’a pas tenue du fait du lobbying de l’industrie agro-alimentaire, qui torpille avec des moyens importants un petit logo coloriel dont le seul objectif est de servir la santé publique », déplore Audrey Morice, chargée de campagne de l’ONG Foodwatch. « Non seulement cela a retardé l’adoption dans plusieurs pays européens, mais cela a aussi affaibli le Nutri-Score dans ceux qui l’ont mis en place, puisque des marques se désengagent », poursuit-elle.

À Bruxelles, ce lobby est soutenu par l’Italie, qui reprend les arguments d’un Nutri-Score qui pénaliserait les produits du terroir comme le fromage. Foodwatch a demandé à la Commission européenne de s’expliquer, ce qu’elle a encore refusé le 28 mai 2024, selon les documents que Mediapart a pu consulter. Pour se justifier, l’instance européenne met en avant auprès de Mediapart « des travaux très complexes ».

Pourtant, même la puissante Fédération du commerce et de la distribution française (FCD), après avoir lutté contre le Nutri-Score à ses débuts, y a adhéré et demande dorénavant à la Commission européenne qu’il soit adopté dans toute l’UE. « Les enseignes rapportent que les autorités italiennes font pression sur elles pour tenter de les empêcher d’achalander sur leur territoire des produits dont l’emballage présente le Nutri-Score. Il faut une harmonisation », plaide Émilie Tafournel, directrice qualité de la FCD.

En Suisse, le leader de la grande distribution, Migros, a décidé d’arrêter de marquer du fer du Nutri-Score ses produits propres. « L’actualisation a pu aider à prendre cette décision, mais nous l’aurions dans tous les cas retiré », assure Tristan Cerf, porte-parole de Migros. Le même qui défendait encore le Nutri-Score en 2022 dans un reportage de la Radio télévision suisse.

« Nos données nous montrent que la clientèle comprend mal le Nutri-Score », justifie-t-il à présent, en admettant ne pas se baser sur une enquête particulière, si ce n’est « les contacts quotidiens avec les clients ». Deuxième argument : mettre à jour le Nutri-Score reviendrait trop cher. Le porte-parole reconnaît pourtant « ne pas avoir réalisé d’estimation des coûts supplémentaires ». Et pour cause, les marques disposent de deux ans pour mettre à jour les emballages. Dans ce laps de temps, la rotation des stocks exige de toute façon des réimpressions.

La portion magique

À la place, Migros ressort des cartons une vieille proposition initialement portée par le « Big 6 » : Coca-Cola, PepsiCo, Mondelez International, Nestlé, Unilever et Mars. Tandis que le Nutri-Score fonde sa notation sur 100 grammes ou 100 millilitres, afin de permettre la comparaison d’un coup d’œil entre les différents produits, les géants de l’agro-alimentaire, eux, préfèrent afficher les valeurs nutritionnelles par portion.

Mais qu’est-ce qu’une portion ? Les plus gros fournisseurs des hypermarchés la définissent unilatéralement alors qu’une portion varie selon l’âge, le sexe, l’activité physique… Ils la mentionnent souvent en complément à l’arrière des paquets et voudraient que ce soit ce système de portion qui permette d’attribuer une note. « À partir du moment où les lobbys n’arrivent plus à bloquer, ils proposent des alternatives », commente Serge Hercberg.

Lactalis constitue un bon exemple à cet égard. Le mastodonte de l’industrie laitière a toujours refusé d’afficher le Nutri-Score, du fait, en particulier, du mauvais classement de ses fromages Camembert Président, Pointe de brie, Bridel et autres Roquefort Société. En 2021, Lactalis a donc sensibilisé les politiques français·es « à l’impact du projet Nutri-Score sur la filière des produits laitiers ». En 2024, Lactalis a consacré entre 200 000 et 300 000 euros pour tenter d’influencer les décideurs français, selon le registre de la HATVP. Également, entre 100 000 et 200 000 euros en lobbying auprès des instances européennes, rien qu’en 2022.

« Cette notion de portion est une manipulation totale pour réduire artificiellement les quantités de gras et de sucre consommées », déplore Chantal Julia, professeure de nutrition et membre du comité scientifique qui a réévalué le Nutri-Score. « Les géants de l’agro-alimentaire choisissent des petites portions alors qu’il est évident que le consommateur lambda en mange au moins le double », dénonce aussi Mélissa Mialon, docteure en santé publique à l’Inserm et autrice du livre Big Food & Cie (Thierry Souccar éditions, 2021).

Par exemple, Ferrero refuse d’apposer le Nutri-Score sur ses produits Kinder, Nutella, Crunch, Tic Tac, etc. Dans un courriel envoyé à Mediapart, le groupe met en avant le système par portion qui lui semble plus juste. Prenons l’exemple des Schoko-Bons de Kinder, qui obtiennent la plus mauvaise note au Nutri-Score – E, selon Open Food Facts. « La portion choisie est un bonbon. Qui s’arrête à un Schoko-Bons ? », interroge Emma Calvert, porte-parole du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), chargée de la politique alimentaire.

Twix : un seul doigt coupe-faim Même stratagème utilisé par le géant Mars : la portion correspond par exemple à un seul des deux doigts coupe-faim Twix. Par ailleurs, « les études montrent que c’est plus difficile pour le consommateur de faire le calcul au supermarché sans comparaison possible », rapporte Emma Calvert.

« Pour appuyer leurs positions, les acteurs économiques se basent sur des études scientifiques qu’ils sponsorisent », regrette Serge Hercberg. Migros affirme ainsi avoir défini les portions de ses propres marques en se basant sur « les recommandations de la Société suisse de nutrition (SSN) », qui est en partie financée par les industriels. En tant que membre donateur, Migros lui verse autour de 5 140 euros par an. « Afin de garantir l’indépendance financière de la SSN, différentes sources de financement sont volontairement recherchées. Les cotisations des membres donateurs représentent au total seulement 12 % de nos recettes », se défend la SSN.

Stéphane Besançon, professeur en santé publique au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), a montré en 2023 dans le British Medical Journal que la probabilité qu’une étude ne soit pas favorable au Nutri-Score est vingt et une fois plus forte si les auteurs déclarent un conflit d’intérêts ou si elle est abreuvée par l’industrie agro-alimentaire : « Quand l’industrie finance, elle trouve les résultats qui lui conviennent. »

[-] Klaqos@sh.itjust.works 2 points 2 days ago

C'est assumé depuis, Hollande a balancé que le RN a donné quitus pour Barnier.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 2 points 2 days ago* (last edited 2 days ago)

Je raisonne pas en conditionnel c'est mauvais pour ma peau. D'autant plus que j'ai voté à droite pour éviter le fascisme, ça abime déjà mon teint d'observer que la droite refuse de reconnaître la gauche quand c'est à son tour de faire un effort face au fascisme.

Effectivement, inutile de rappeler que l'exercice de l'actuel exécutif déçoit les constitutionnalistes, on lui préférera de renversantes et hypothétiques spéculations pour tenter de garder une cohérence.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 7 points 2 days ago* (last edited 2 days ago)

Encore faudrait-il ne pas faire semblant non plus d'ignorer que le gouvernement Macron s'est aussi constitué sur une majorité relative depuis le début du second mandat présidentiel.

Si ton camp joue à un jeu et perd, la moindre des choses est de s'appliquer à respecter les prémisses qui t'ont auparavant profiter.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 8 points 2 days ago

La majo présidentielle existe grâce au barrage, les LR n'ont plus vraiment d'existence politique, la majorité présidentielle était supposée être en opposition à l'extrême droite.

En stratégie tu nommais Castets, elle se cassait les dents mais faisait émerger de réels sujets (santé/! éducation / impôt) et tu rabats les cartes en fonction. Là c'est clairement l'hubris de Macron avec Kohler derrière, le gars veut à tout prix éviter l'accélération de la décomposition de la droite plutôt que de respecter la démocratie.

[-] Klaqos@sh.itjust.works 4 points 2 days ago

Il doit me manquer un élément mais je suis peut-être trop stupide : les républicains ont littéralement explosé et ont fait un score piteux. Ce n'est plus qu'un coquille ville. Macron assume ouvertement être de droite depuis un bail. Donc : Barnier, en tant que technocrate représene d'une coquille vide sera le bon soldat du consensus macroniste.

Il donne des gages aux LR perdus dans le shéol, défèque sur les résultats de sa propre dissolution, comment ne pas croire que les citoyens vont encore plus basculer dans le ressentiment ?

[-] Klaqos@sh.itjust.works 9 points 2 days ago

C'est un peu hallucinant de nommer un 1er ministre d'une couleur politique opposée au parti qui a remporté les élections.

7
submitted 3 days ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

Selon des documents internes révélés par notre partenaire Mediacités, le service public de l’emploi va augmenter de 400 millions d’euros le recours à la sous-traitance privée, au prix de l’accompagnement des usagers. De plus, ces derniers ne pourront plus se défendre avant d’être sanctionnés.

Toulouse (Haute-Garonne).– L’emploi étant une activité rémunérée dans un cadre juridique garantissant protections sociales et revenus, alors que le travail se résume à la production d’un bien ou d’un service par un effort physique et intellectuel, l’évolution sémantique de Pôle emploi à France Travail en disait long sur les intentions du gouvernement.

Ce changement de philosophie transparaît dans les dizaines de documents internes que Mediacités a pu consulter. Ils témoignent de la mutation en cours de ce service public depuis le vote de la loi « pour le plein emploi », le 18 décembre 2023.

Première découverte : le gouvernement persiste et signe dans sa volonté de libéraliser les services publics. Entre 2018 et 2023, Pôle emploi a fait exploser le recours à la sous‐traitance pour ses missions d’accompagnement. De 250 millions d’euros de budget en 2018, celui-ci est passé à 550 millions d’euros en 2022, puis à 650 millions d’euros en 2023. Avec France Travail, une nouvelle externalisation massive est prévue.

Un accompagnement dédié à la reprise rapide d’emploi va être sous‐traité à des opérateurs privés. D’une durée de six mois, ce parcours concernerait entre 700 000 et 900 000 demandeurs et demandeuses d’emploi chaque année. À 448 euros la facture par usager, le montant total oscillera entre 313 et 403 millions d’euros par an. Actuellement expérimenté dans plusieurs agences, ce dispositif a déjà coûté 36 millions d’euros à France Travail.

Les sous‐traitants « s’en frottent par avance les mains », dénonce, dans un communiqué, le syndicat SNU‐FSU de France Travail, qui estime que 6 285 conseillers supplémentaires pourraient être recrutés nationalement avec la même enveloppe. Sur le même ton, le député socialiste Arthur Delaporte dénonce « une gabegie d’argent public ». « Un euro dépensé dans la formation privée est moins efficace qu’un euro dépensé pour le service public de l’emploi, car l’accompagnement par les acteurs privés est de moins bonne qualité que celui qui peut être fait par le service public », souligne ce parlementaire, citant à l’appui un rapport de la Cour des comptes.

Pression du chiffre sur les prestataires... Très impliqué dans les débats lors du vote de la loi, le député du Calvados explique cette externalisation par « l’impréparation » du gouvernement et son incapacité à « absorber la montée en puissance du dispositif » : « 400 millions d’euros, cela veut dire que le service public de l’emploi est sous l’eau et qu’il se recentre sur la gestion du système et le contrôle, tandis que la formation et l’accompagnement sont faits par le privé, analyse‐t‐il. C’est une réforme qui est soit mensongère dans ses ambitions, soit totalement irréaliste, parce que non budgétée suffisamment. Si on veut vraiment la mettre en place, cela va coûter de l’ordre de 10 milliards d’euros par an. »

Même regard critique du côté d’Hadrien Clouet, député La France insoumise (LFI), lui aussi très mobilisé sur le sujet. « On est sur un business à caractère lucratif qui est à hauteur de 1 milliard d’euros sur le dos des chômeurs », calcule‐t‐il, soulignant la divergence d’objectifs entre des prestataires privés recherchant le profit et des agents publics préoccupés par le maintien d’un « niveau de salaire digne et acceptable » sur le marché du travail.

Les prestataires privés auront en effet un intérêt financier à inciter les demandeurs et demandeuses d’emploi à trouver un travail. Selon les documents consultés par Mediacités, la facturation de la prestation sera réduite de 40 % à 85 % si la personne accompagnée ne retrouve pas d’emploi.

... et les demandeurs d’emploi De quoi inciter ces prestataires à faire pression sur les demandeurs d’emploi pour qu’ils acceptent au plus vite un travail, quitte à « conduire les chômeurs à diminuer leurs exigences », selon Hadrien Clouet. « On sait qu’il est plus long d’embaucher en CDI qu’en CDD. Si vous rémunérez une boîte privée à la performance sur le retour à l’emploi et qu’elle veut gagner de l’argent, elle va mettre les gens en emploi précaire parce que c’est plus rapide », craint le député LFI de la première circonscription de Haute‐Garonne.

Autre risque, selon ce sociologue du travail : privilégier les demandeurs d’emploi les plus employables aux dépens des publics les plus en difficulté. « Le chiffre d’affaires des opérateurs privés dépendra de leur capacité à avoir une rotation importante des demandeurs d’emploi accompagnés pour être payés. Il leur faudra donc se concentrer sur les profils qui partent vite et peuvent être rapidement rentables et renouvelés », alerte‐t‐il.

Contactée à ce propos, la direction de France Travail a d’abord indiqué vouloir répondre, puis a rétropédalé à la lecture de nos questions. Paul Christophe, député Renaissance et rapporteur de la loi pour le plein emploi, n’a pas souhaité réagir lui non plus.

Des accompagnements limités dans le temps Le cœur des transformations du service public de l’emploi concerne la nature de l’accompagnement des bénéficiaires. Actuellement, tous les demandeurs d’emploi, quel que soit leur degré d’autonomie, sont suivis jusqu’à ce qu’ils retrouvent un poste, sans limitation de durée. À l’avenir, ce ne sera plus le cas. France Travail teste deux nouveaux modèles de gestion de ses listes d’inscrits, dont la caractéristique commune est de limiter dans le temps les accompagnements.

Selon nos sources, le modèle organisationnel privilégié prévoirait de limiter à vingt-quatre mois l’accompagnement des usagers et usagères de France Travail. Cette durée est obtenue en faisant la somme de tous les accompagnements proposés pour régler les « freins périphériques à l’emploi », selon le jargon administratif (garde d’enfants, manque de qualification ou de mobilité, mais aussi épuisement professionnel, dépression ou addiction).

Pour les personnes les plus en difficulté, le suivi par le service public est actuellement sans limitation dans le temps. Il s’arrêterait au bout de douze à dix-huit mois, d’après les documents consultés par Mediacités, et sera en grande partie sous‐traité à des opérateurs privés. Enfin, un dernier type de suivi concernant les profils « immédiatement employables » pourra durer « de trois à six mois ». Les documents en notre possession ne précisent pas si ce dispositif sera renouvelable.

Que deviendra une personne en demande d’emploi, passé ce délai ? À ce jour, aucune organisation syndicale n’est en mesure de répondre à la question. Là encore, ni France Travail ni le député rapporteur de cette réforme n’ont voulu nous éclairer.

Des centaines de milliers de personnes sont potentiellement concernées. 1,2 million de demandeurs d’emploi de catégorie A, B et C sont inscrits depuis vingt‐quatre mois et plus, et 797 000 depuis trois ans et plus, selon les données de France Travail.

Des contrôles plus durs et plus nombreux Autre loup levé par Mediacités, la direction de France Travail veut augmenter le nombre de contrôles des usagers et durcir leurs modalités, au nom d’un « gain de productivité ». Depuis 2015, des questionnaires sont envoyés aux demandeurs d’emploi pour vérifier leur implication dans la recherche d’un travail. Les sanctions encourues vont de la « redynamisation » de l’usager, selon le jargon de France Travail, qui se matérialise par un suivi renforcé de son dossier, à la suspension temporaire de son accès au service de l’emploi (et aux allocations) ou à sa radiation pure et simple.

En 2023, les 520 000 contrôles réalisés ont abouti à 90 000 radiations. À l’avenir, les équipes dédiées au contrôle devront en assurer 600 000 en 2025, et 1,5 million en 2027, comme le rapporte Le Monde. Pour parvenir à cet objectif, une note interne, datée de juin 2024, incite les conseillers et conseillères à augmenter les signalements. Dans certaines antennes régionales de France Travail, comme en Occitanie, des services ont reçu la consigne claire d’augmenter de 30 % les contrôles dans certains cas.

Au‐delà de ces chiffres, une « rénovation » des modalités de contrôle est à l’étude sur tout le territoire et pourrait être appliquée début 2025. À ce jour, le contrôle accorde un droit de réponse au demandeur d’emploi : après avoir rempli un questionnaire, il peut défendre sa bonne foi au cours d’un rendez‐vous téléphonique systématique avant la clôture de la procédure.

À lire aussi France Travail : des erreurs de dates qui coûtent très cher Désormais, les agent·es de France Travail seront autorisé·es à sanctionner un chômeur sans même le consulter. Non seulement le rendez‐vous de clôture ne sera plus systématique, mais au nom une fois encore du « gain de productivité », la nouvelle procédure permettra de « faire l’économie de l’envoi du questionnaire afin de gagner à minima dix jours », précisent les documents internes consultés par Mediacités.

Les conditions de radiation seront désormais appréciées au regard d’une grille de « faisceau d’indices » : l’agent·e chargé·e du contrôle analysera pour ce faire l’ensemble des données connues de France Travail et de sa plateforme de mise en relation avec les employeurs, notamment le nombre d’offres auxquelles le demandeur d’emploi aura postulé. Problème, et non des moindres : des secteurs professionnels entiers n’utilisent pas ces outils pourtant à leur disposition.

Selon les propres données de France Travail, un plombier ou un serveur en recherche d’emploi favorisera avant tout son réseau personnel à renfort de coups de téléphone, tout comme un grand nombre de demandeurs d’emploi concentrent leurs recherches via des plateformes privées comme Indeed, dont les données ne sont pas transmises à France Travail. Pour elles et eux, le droit à être accompagné risque de fondre comme neige au soleil, même si la direction promet une « période contradictoire », leur donnant droit à contester leur radiation.

Les trois premiers syndicats représentatifs (CFDT, FO, SNU) sont vent debout contre les profondes mutations en cours, craignant une précarisation des demandeurs d’emploi à travers leur mise au pas vers des offres d’emploi précaires. Le Syndicat national unitaire évoque « une attaque massive faite à la liberté de chacun de choisir son avenir professionnel ». Même le Snap, syndicat d’entreprise favorable à la loi pour le plein emploi, est critique. Les agent·es de l’opérateur de service public restent « dans le flou et inquiets par l’incohérence entre le nombre d’agents et la masse de nouvelles inscriptions à venir », selon Laurent Merique, son secrétaire général.

Du côté de l’opposition de gauche, Arthur Delaporte pointe « une dégradation du dialogue dénoncée chaque année par le médiateur de Pôle emploi » et « la perpétuation d’une logique de contrôles renforcés pesant sur un individu qui a moins accès à ses droits et peut moins se défendre ». Pour sa part, Hadrien Clouet doute de la légalité même de cette évolution. « D’un droit des faits où l’usager a des pièces à fournir, on bascule à un droit des situations, où ce qui compte c’est la manière dont l’agent de contrôle estime que vous avez fait un effort ou pas », analyse‐t‐il, en pronostiquant la saisine des tribunaux sur cette question.

Intelligence artificielle et algorithmes de contrôle Parallèlement à ces changements, la direction de France Travail planche sur l’introduction de l’intelligence artificielle dans ses mécanismes. L’objectif est double : réaliser « des gains d’efficience et de temps » pour les agent·es et améliorer « la relation avec les demandeurs d’emploi et les entreprises ».

« ChatFT », un outil développé sur le modèle de ChatGPT, est ainsi déployé depuis juin. Il doit permettre d’accélérer certaines tâches, comme « la production de différentes communications » à destination des demandeurs d’emploi et des entreprises. Toutes les communications de Pôle emploi étaient écrites par des êtres humains. Avec France Travail, cela ne sera plus le cas.

Ce dispositif s’ajoute à ceux relevés en juin par l’association La Quadrature du Net, concernant l’essor du contrôle algorithmique à France Travail. Le collectif y détaille les algorithmes permettant de réaliser des profilages psychologiques des demandeurs d’emploi, d’évaluer leur honnêteté via un « score de suspicion » ou leur « attractivité » via « un score d’employabilité ». « Je ne vois pas le rapport entre le profil psychologique des gens et leur parcours d’emploi, si ce n’est pour permettre de délégitimer certains et dire “vous n’avez pas le profil psychologique associé à ce que vous voulez vraiment faire”. Cela va permettre à certains directeurs d’agence de faire le ménage dans les listes de demandeurs d’emploi », dénonce encore Hadrien Clouet.

Entre la sous‐traitance accrue au secteur privé et le nouveau modèle organisationnel de France Travail, les évolutions dévoilées par les documents internes consultés par Mediacités témoignent de la dégradation à l’œuvre de ce service public. Tant ses usagers et usagères que ses agent·es seront durement affecté·es par les mutations en cours. Reste à savoir si les artisans de ce saccage, notamment les député·es de l’ex‐majorité présidentielle, apprécieront à leur juste valeur ces réformes. Battu·es aux dernières élections législatives, 82 sont de nouveau sur le marché du travail et auront peut‐être affaire au descendant de Pôle emploi.

16
submitted 1 week ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

L'article date de 2018 mais pas trop de nécessité d'actualisation.

16
submitted 1 week ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu
3
submitted 1 week ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

Quatre agents assermentés vont désormais opérer des contrôles de prévention sur certains logements pour s’assurer de la bonne application de la réglementation sur les meublés de tourisme dès ce mois d’août.

Face au développement exponentiel des locations en meublés de tourisme (type Airbnb….) en 2022, la Communauté d’agglomération Pays basque (CAPB) serre un peu plus la vis et annonce le déploiement d’agents assermentés pour procéder à des contrôles. Inscription newsletter Rep' Recevez nos newsletters

Inscrivez-vous pour recevoir les newsletters de la Rép' dans votre boîte mail

Rappelons que le territoire, qui fait face à une forte tension sur le logement, s’est doté d’une réglementation visant à encadrer leur développement. Cette réglementation s’applique aux 24 communes classées en zone tendue : Ahetze, Anglet, Arbonne, Arcangues, Ascain, Bassussarry, Bayonne, Biarritz, Bidart, Biriatou, Boucau, Ciboure, Guéthary, Hendaye, Jatxou, Lahonce, Larressore, Mouguerre, Urrugne, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Pierre d’Irube, Urcuit, Ustaritz, Villefranque.

Depuis le 1er mars 2023, l’autorisation de changement d’usage d’un local d’habitation en meublé de tourisme est soumise au principe de compensation. Une mesure qui, dixit la CAPB, produit déjà des résultats, un an après son entrée en vigueur, avec déjà des changements de pratique observés sur le littoral basque.

Avec l’assermentation de quatre agents, la Communauté Pays basque veut aller encore plus loin pour garantir le respect de la réglementation. Dans 21 des 24 communes, les agents vont réaliser des contrôles de l’occupation de certains logements. Les communes de Bayonne, Anglet et Biarritz ont en effet déjà leurs propres agents assermentés. A lire aussi Achat de cigarettes en Espagne : les buralistes basques du côté français réclament « un moratoire fiscal » Biarritz : une banderole géante contre les nouvelles résidences secondaires

Les agents vont effectuer les premières visites inopinées de contrôle dès ce mois d’août. Ils porteront un message de prévention et d’explication du règlement, en amont des premières assignations devant le tribunal de Bayonne qui devraient avoir lieu cette fin d’année ou en tout début d’année prochaine.

5
submitted 2 weeks ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu
12
submitted 2 weeks ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

La mise en scène était impeccable. Introduite dans les jardins de l’Elysée par la discrète entrée de l’avenue Gabriel peu avant 10 h 30, vendredi 23 août, la délégation du Nouveau Front populaire (NFP) a remonté en silence, la mine grave, l’allée de graviers serpentant entre les bosquets et conduisant au château. La haute fonctionnaire Lucie Castets et une douzaine de représentants des partis de gauche – La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF) – ont été conduits au premier étage, où les attendait le chef de l’Etat.

C’est Emmanuel Macron qui a décidé cette arrivée insolite par le jardin, sous l’œil des caméras. Après avoir balayé le nom de Lucie Castets d’un revers de main, le 23 juillet sur France 2, le président de la République, à la recherche d’une « solution institutionnellement stable » qui lui permettrait de nommer un premier ministre, se devait de reconnaître, au préalable, la victoire de la gauche aux élections législatives du 7 juillet.

Aussi les quatre-vingt-dix minutes de dialogue entre le chef de l’Etat et les représentants du NFP, dans le salon vert de l’Elysée, se sont-elles déroulées sans accroc. Les élus de gauche font état d’un dialogue « sincère », « respectueux », « franc », « cordial ». « C’était propre », résume un parlementaire. Emmanuel Macron « a semblé prendre acte du fait que les Français avaient demandé un changement de cap politique » et c’est « un immense progrès », positivait Lucie Castets, vendredi soir à Montpellier, lors de la rentrée politique du PCF.

Le matin même, dans le salon vert, Emmanuel Macron était seul, pas même accompagné de son bras droit, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler. Le NFP avait pour sa part fait le choix de laisser Lucie Castets s’exprimer, les chefs des partis se contentant d’interroger le président de la République. Une chorégraphie qui avait pour but de placer la postulante au premier plan, et d’éviter aux quatre formations de gauche, de culture différente et pas toujours sur la même longueur d’ondes, de se contredire.

Bien préparée, assise face au chef de l’Etat, la candidate de la gauche pour Matignon a expliqué la méthode qu’elle comptait mettre en place une fois au pouvoir, et les compromis qu’elle était prête à consentir pour obtenir des majorités.

NEWSLETTER « Politique » Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique S’inscrire Evitant d’aborder les éléments de son programme, elle a évoqué des convergences possibles avec le « pacte d’action » du président du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée nationale – qui rassemble les députés Renaissance –, Gabriel Attal. Elle a également laissé entrevoir un éventuel élargissement, progressif, de la coalition gouvernementale. « Il s’agirait de trouver texte par texte des majorités, et chemin faisant, on verrait si des gens sont prêts à venir avec nous », résume le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Le « grand oral » de Lucie Castets Devant ses hôtes, Emmanuel Macron a reconnu la victoire du NFP dans les urnes, et il a admis que, avec ce vote, les Français avaient exprimé la volonté d’un changement d’orientation politique. Mais il n’a pas renoncé pour autant à afficher sa prééminence. Il a soumis Lucie Castets, une énarque de 37 ans, directrice des finances à la Ville de Paris, à un interrogatoire sur l’Ukraine, le Proche-Orient, le budget, les retraites, etc.

« Quelle est votre solution pour la Nouvelle-Calédonie ? », a même osé le chef de l’Etat, alors que l’archipel est au bord de l’effondrement économique. « Je retirerais le projet de loi constitutionnelle » – qui a déclenché les émeutes et plongé le territoire dans le chaos au printemps –, a répondu en substance la haute fonctionnaire.

Nullement désarçonnée par ce « grand oral » qui ne disait pas son nom, Lucie Castets a fait remarquer à Emmanuel Macron qu’il ne revenait pas à ce dernier de gouverner, ni de procéder au casting gouvernemental, encore moins de trouver des majorités. « La tentation semble encore présente chez le président de composer son gouvernement », observait-elle à la sortie. Tandis que Marine Tondelier, secrétaire nationale de EELV, a dit son fait à Emmanuel Macron en quittant le palais : « Il faut arrêter de nous sous-estimer, maintenant ! »

La délégation du Nouveau Front populaire répond aux questions des journalistes après son entretien avec Emmanuel Macron, à l’Elysée, le 23 août 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Lire aussi A la recherche d’un premier ministre, Emmanuel Macron consulte les forces politiques Le chef de l’Etat a prudemment abordé l’éventuelle présence de ministres mélenchonistes dans un gouvernement Castets. « Certains disent que la présence de LFI au gouvernement serait pour eux rédhibitoire… », soulève-t-il, faisant allusion, notamment, à la motion de censure promise par Marine Le Pen et le Rassemblement national (RN) dans l’hypothèse où des « insoumis » entreraient au gouvernement.

Lucie Castets a confirmé son intention de nommer des ministres LFI, rappelant que le front républicain a été mieux respecté par la gauche que par le camp présidentiel, et qu’il a finalement permis à Renaissance de conserver un important bataillon au Palais-Bourbon. Emmanuel Macron en a convenu, « tous les partis du NFP sont légitimes à gouverner », y compris les « insoumis », a-t-il assuré. A aucun moment au cours de l’entretien, il n’a exclu de nommer Lucie Castets à Matignon ni de récuser des ministres LFI. « Mais je ne sais pas quel crédit apporter aux paroles d’Emmanuel Macron », confie le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud.

Devant les élus de gauche, le chef de l’Etat a pris en revanche ses distances avec les noms de premiers ministres potentiels qui ont circulé dans la presse ces derniers jours, Xavier Bertrand, le président (Les Républicains) de la région Hauts-de-France, Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre socialiste, ou Karim Bouamrane, le maire socialiste de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), jurant qu’il ne cherchait pas à diviser la coalition de gauche. Olivier Faure l’a mis en garde : s’il devait nommer une autre personnalité socialiste que Lucie Castets, le NFP ne la soutiendrait pas. « Le Guépard est mort. Il n’est pas possible que tout le monde vote pour que rien ne change », l’a averti le premier secrétaire, paraphrasant Alain Delon dans ce film culte.

Prudence des « insoumis » A la sortie du rendez-vous, socialistes et communistes préféraient retenir de cet entretien le verre à moitié plein. Olivier Faure voulait croire que « l’hypothèse Castets n’[était] pas du tout exclue » et pensait qu’« une comparaison [allait] s’imposer » : « Nous sommes les seuls à proposer un projet commun, à avoir une candidate au poste de premier ministre, et la majorité relative la plus large. » Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, optait aussi pour l’optimisme : « Il y a un faisceau d’arguments pour nommer Lucie Castets ».

Les « insoumis » se montraient plus prudents. « Emmanuel Macron est spécialiste pour vous dire ce que vous avez envie d’entendre », se méfiait Manuel Bompard, soupçonnant le chef de l’Etat de vouloir « jouer les sélectionneurs ». Pour le coordinateur de LFI, les menaces de censure proférées par la droite, l’extrême droite et les macronistes relèvent en partie de la posture. « Qui va censurer un gouvernement qui veut abroger la réforme des retraites comme l’exigent les Français ? », se demande le député des Bouches-du-Rhône, avant d’interroger la différence de discours entre le chef de l’Etat et des membres de son camp.

Lire aussi Rencontre avec Macron : derrière le front uni du NFP, les tensions s’exacerbent au PS Dans la journée, le député Renaissance d’Eure-et-Loir et ministre délégué au logement démissionnaire, Guillaume Kasbarian, a tweeté « Nous sommes prêts », affichant une image de motion de censure, en réponse à un message posté par Lucie Castets. « Soit le président de la République ne contrôle plus rien, et il doit en tirer les conséquences, soit il joue un double jeu, et c’est lui le responsable du blocage ; il doit éclaircir ce point », interpelle Manuel Bompard. « Ces ministres sont dangereux. En crachant sur ceux qui les ont élus, ils mettent fin au front républicain », s’énerve Olivier Faure.

Le président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangelli, et le président d’Horizons, Edouard Philippe, arrivent à l’Elysée pour y rencontrer Emmanuel Macron, le 23 août 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, le président du Parti radical, Laurent Hénart, accompagnés de Marc Fesneau, le chef de file des députés MoDem, arrivent à l’Elysée pour rencontrer Emmanuel Macron, le 23 août 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Le « bloc central », lui, n’est pas arrivé en bloc à l’Elysée, sur le coup de 13 heures, mais brique par brique. Edouard Philippe d’abord, flanqué du président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangeli. Puis le trio de dirigeants sénatoriaux François Patriat (Renaissance), Hervé Marseille (Union des démocrates et indépendants) et Claude Malhuret (Horizons), suivis des chefs de Renaissance, Stéphane Séjourné, et du Parti radical, Laurent Hénart, accompagnés de Marc Fesneau, le président du groupe MoDem au Palais-Bourbon. Le président du MoDem, François Bayrou, s’est distingué en déambulant seul, les mains dans les poches, fort de son statut de « plus vieil ami du président ». Enfin, invité en tant que président du groupe EPR à l’Assemblée, le premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, fermait l’étrange procession, traversant seul, lui aussi, les jardins de l’Elysée.

Lire aussi Choix du premier ministre : la « hype » soudaine de Karim Bouamrane Deux heures plus tard, après un repas frugal (salade césar et crème au chocolat), c’est encore par clans que les dirigeants du chancelant « camp présidentiel » ont effectué leur sortie. Alors que toutes les autres familles politiques ont pris la parole à l’issue de leur entrevue avec le chef de l’Etat, aucun représentant du bloc central ne s’est arrêté pour rendre compte des discussions. « C’était une très bonne réunion ! », a lancé à la cantonade Edouard Philippe, sans ralentir son pas. François Bayrou et Marc Fesneau préféraient s’échapper par le Faubourg-Saint-Honoré, évitant ainsi les journalistes.

Autour de la table, toujours dans le salon vert de l’Elysée, Emmanuel Macron a pourtant tenté de ressouder les troupes, notamment en observant que les élections législatives ont certes envoyé un « message d’alternance » au camp présidentiel, mais ne sont « pas un désaveu complet » pour la Macronie.

François Bayrou invoque le général de Gaulle Les sujets de dissension ont cependant très vite pris le dessus. Laurent Marcangeli a rappelé que le RN va proposer d’abroger la réforme des retraites dans le cadre de sa niche parlementaire, le 31 octobre, et qu’une stratégie doit être déterminée. En privé, le Corse plaide pour envisager des aménagements, une condition sine qua non, selon lui, pour qu’une coalition se tienne. Gabriel Attal écoute, mais n’en pense pas moins. Il s’est refusé à mettre dans la balance le sujet des retraites dans son « pacte d’action ».

Invoquant le général de Gaulle, François Bayrou a expliqué au chef de l’Etat qu’il ne doit pas « donner quitus » aux partis pour espérer un dénouement à la crise politique, et qu’il lui revient d’être à l’initiative. Pas vraiment du goût de ses partenaires d’Horizons, qui jugent le conseil peu en phase avec la réalité de la situation. Le sénateur de l’Allier, Claude Malhuret, a évoqué l’hypothèse d’un « premier ministre technique », à laquelle son homologue des Hauts-de-Seine Hervé Marseille a répondu, expliquant que « la période était très politique » et nécessitait « quelqu’un de politique ». Quant à la proposition que le premier ministre ne soit pas issu de la majorité sortante, elle fait l’unanimité. Jusqu’à la prise de parole de François Bayrou, qui a fait sourire les convives en plaidant pour « un gouvernement raisonnable, fait de personnalités lourdes et estimées ».

Les chefs de file des sénateurs Renaissance, centristes et Horizons, François Patriat, Hervé Marseille et Claude Malhuret, dans les jardins de l’Elysée, avant leur rencontre avec Emmanuel Macron, le 23 août 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Lire aussi Emmanuel Macron met en scène l’unité de son camp, en proie aux dissensions Un bref instant, même la censure d’un gouvernement comprenant des ministres de LFI a semblé faire l’objet d’un désaccord. Edouard Philippe, partisan du « ni LFI ni RN » entre les deux tours des législatives, a laissé entrevoir qu’il pourrait ne pas s’opposer d’emblée à un gouvernement Castets, expliquant ne pas vouloir censurer les étiquettes mais les propositions. Un ange est passé dans le salon vert, avant que son lieutenant, Laurent Marcangeli, n’intervienne pour clarifier leur position.

Car c’était tout l’enjeu de la réunion pour le camp présidentiel. Dès son entame, le président de la République a posé le débat : « Le NFP a un programme, ils prétendent avoir la majorité et affirment que toutes leurs composantes seront au gouvernement. J’ai besoin de savoir comment vous vous positionnez. »

Les trois chefs de groupe ont promis à Emmanuel Macron une censure immédiate. « Comment cautionner, sans s’y opposer, un ministre de l’intérieur qui qualifie nos policiers de barbares ? Un ministre de l’agriculture qui définit nos agriculteurs comme des pollueurs ? Un ministre de l’économie qui traite nos chefs d’entreprise comme des bandits ? Et ainsi de suite », a justifié Gabriel Attal dans un communiqué. « C’est une réunion qui a fermé des portes, une en particulier : celle d’un gouvernement constitué en partie de La France insoumise », a résumé Laurent Marcangeli. « Le vrai critère du président, c’est la non-censurabilité, indique un proche du chef de l’Etat. S’il y a une majorité contre les ministres LFI, ça n’est pas possible de nommer Castets. »

Lire aussi L’Elysée confirme qu’un premier ministre sera nommé « assez rapidement » après les rencontres avec les formations politiques Emmanuel Macron avait-il besoin de convoquer ses troupes pour s’entendre dire ce qu’elles répètent depuis près de trois mois ? « Maintenant, c’est clair et net et pas au détour d’un article, les choses sont établies, avance Hervé Marseille. Désormais, il faut passer à une deuxième phase, qui est : comment ça se passe sans LFI ? »

Les représentants du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez (président du groupe à l’Assemblée), Annie Genevard (députée du Doubs) et Bruno Retailleau (président du groupe au Sénat), tout en promettant de censurer un gouvernement comprenant des « insoumis », ont redit au président de la République, vendredi, leur refus de s’allier avec le camp présidentiel pour constituer une coalition numériquement supérieure au NFP.

Lundi, après avoir reçu Marine Le Pen, puis Eric Ciotti, président du groupe A droite !, Emmanuel Macron devrait prendre la parole, pour annoncer qu’il ne nommera pas Lucie Castets à Matignon. Avant de lancer, le lendemain, un nouveau « round » de consultations. Le risque d’une dissolution, « il ne veut pas jouer avec ça, explique l’un de ses proches, et il pense qu’il peut trouver un premier ministre face auquel les forces politiques ne diront pas “on censure” immédiatement ».

Emmanuel Macron « est encore à la recherche du bon profil », concluait, vendredi soir, Stéphane Lenormand, le président du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires à l’Assemblée nationale, reçu en fin d’après-midi à l’Elysée.

14
submitted 2 weeks ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu

Si vous ne les connaissez pas, vous serez bien incapables de les identifier. Lors des défilés haute couture de Chanel, la maison de luxe qui leur appartient à 100 %, Alain et Gérard Wertheimer, 75 ans et 73 ans, ne s’assoient jamais au premier rang, préférant se tenir quelques mètres plus haut, là où la lumière est moins crue, loin, très loin, des objectifs et des caméras. Les habitués de la mode ne les apercevront pas non plus en coulisse, quand tous se pressent autour du créateur et de ses assistants pour les féliciter. Ils sont déjà partis, chapeaux de feutre sur la tête, fuyant discrètement, mais sûrement, le bruit et la foule. « Venir pour ne pas être vus, c’est le contraire de ce que font la plupart des gens ! », s’amuse une de leurs amies.

Ceux qui incarnent la troisième fortune française derrière Bernard Arnault et Françoise Bettencourt Meyers, et la 40e selon le classement mondial établi par le magazine économique Forbes, n’aiment pas qu’on les prenne en photo. « Même les amis triés sur le volet qui saisissent leur image avec leur portable lors d’un dîner doivent promettre de ne rien divulguer », assure l’un des rares familiers de leurs soirées à Paris ou dans les maisons que les deux frères possèdent à Deauville (Calvados), à proximité de l’hippodrome, un lieu qu’ils fréquentent davantage que les défilés.

Voir leur nom cité dans la presse les inquiète. Il a d’ailleurs fallu longuement parlementer pour qu’ils acceptent, à défaut de poser pour un photographe du Monde, d’envoyer un cliché d’eux pris le 25 juin en marge du défilé de la collection automne-hiver, au Palais Garnier, à Paris. Du duo, il n’existait que quelques images anciennes, saisies sur les champs de courses avec la reine d’Angleterre Elizabeth II, elle aussi passionnée de chevaux.

Alain et Gérard Wertheimer, propriétaires de Chanel, en 2024. CHANEL Les Wertheimer cultivent si bien la discrétion que le 20 janvier 2022, lors de l’inauguration de 19M, le somptueux espace que Chanel consacre, porte d’Aubervilliers, dans le 19e arrondissement de Paris, aux artisans ultraqualifiés – brodeurs, dentellières, soyeux – des métiers d’art et de la mode, ce n’est pas eux qui accueillirent le président de la République Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte, afin de ne pas risquer d’apparaître à la télévision. Jamais, d’ailleurs, on ne les voit dans les dîners officiels à l’Elysée, où l’empereur du luxe, Bernard Arnault, trône, lui, comme un chef d’Etat.

Une avocate d’affaires travaillant régulièrement pour la prestigieuse maison raconte avoir un jour croisé Alain Wertheimer devant l’ascenseur, « dans son manteau sombre, un chapeau à la main, très bien élevé, mais quasi invisible ». La voyant s’apprêter à monter à ses côtés, il lui céda sa place, préférant prendre l’escalier. Elle ne comprit qu’après qu’il s’agissait du président exécutif de la prestigieuse société. Une ancienne figure de la maison Chanel se souvient aussi qu’Alain Wertheimer fut refoulé à l’entrée d’un défilé de haute couture, au cœur de Central Park, à New York, où il réside. Il avait oublié son invitation. Personne ne voulut croire que ce monsieur dont le visage et le nom ne disaient rien à quiconque était le propriétaire.

Une mère puissante Les frères ne donnent que très rarement leur numéro de téléphone et font jurer à leurs amis de ne jamais le communiquer à qui que ce soit. A Genève, où Gérard Wertheimer vit, ce dernier n’est pas davantage connu. Le Français a pourtant la plus grosse fortune établie en Suisse, devant les familles Hoffmann-Oeri-Duschmalé, qui contrôlent le géant pharmaceutique bâlois Roche. On le croise peu dans les cercles mondains, encore moins dans les journaux. Alors qu’au sein de la petite communauté des riches genevois, tout le monde se connaît, personne n’identifia ce petit homme occupé à contempler les photographies de Bettina Rheims, une de ses proches amies et épouse de l’avocat Jean-Michel Darrois, exposées dans une galerie locale.

Il ne faut pas s’y tromper, cependant : si Chanel, avec ses 32 000 employés à travers la planète, est l’une des locomotives du luxe mondial – après une année 2022 déjà record, ses ventes se sont envolées de 15,8 % en 2023, à 19,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires –, c’est aux Wertheimer qu’elle le doit depuis un siècle.

Lire aussi Les grandes marques de luxe résistent au ralentissement de l’industrie Leur mère, Eliane Heilbronn, qui fêtera ses 100 ans le 14 avril 2025, a longtemps paru plus en vue que ses fils. Avocate, elle tenait une partie des affaires juridiques sensibles de la société, notamment les licences. « Très extravertie, d’une grande force de caractère, on ne voyait qu’elle », se souvient Véronique Morali, qui fit un bref passage, en 2007, à la tête de Chanel SA. Jusqu’à l’épidémie de Covid-19, Eliane Heilbronn se rendait chaque matin à 11 h 30 à son bureau, au premier étage du cabinet Salans/Denton, rue Boissy-d’Anglas, dans le 8e arrondissement de Paris, après s’être fait masser, coiffer et maquiller, son déjeuner dans un Tupperware.

Pendant des années, cette femme, aussi élégante dans ses tenues Chanel qu’autoritaire dans ses décisions, rédigea les contrats des hauts cadres de la société, notamment celui du créateur Karl Lagerfeld (1933-2019), engagé en 1982 pour la bonne fortune des Wertheimer, avec lequel elle adorait parler littérature et échanger des « vacheries » sur le Tout-Paris.

Le créateur de mode Karl Lagerfeld embrasse Eliane Heilbronn, la mère d’Alain et Gérard Wertheimer, propriétaires de Chanel, à Sciences Po Paris, le 19 novembre 2013. ERIC FEFERBERG / AFP Un sacré personnage, cette Eliane Heilbronn. On peut toujours la voir circuler dans les allées du Musée du Louvre en fauteuil roulant. Elle continue de recevoir des visites, à lire les journaux et aime se tenir au courant de ce qui se raconte en ville. Une femme chic, mais sans ostentation, à la peau de porcelaine et aux yeux noisette d’une rare vivacité. Intelligente, moderne, féministe, celle qui passa sa jeunesse à Mexico et fréquenta les milieux huppés à New York ou à Paris devint avocate en 1974 et fonda son cabinet quatre ans plus tard, à une époque où les femmes n’étaient pas vraiment les bienvenues dans le monde des affaires. Ceux qui ont travaillé avec elle témoignent de son caractère. « Elle peut être terrible, elle déteste avoir tort, aime prêcher le faux pour savoir le vrai, adore dominer et est dotée d’un grand sens de la psychologie et de la manipulation », résume l’un d’eux. Une véritable « snob », aussi, glisse une autre.

« Même si elle assumait bien plus que ses fils les attributs du pouvoir, affirme l’une de ses proches, elle les a élevés afin qu’ils dirigent dans une parfaite courtoisie. » Et sans prendre la lumière surtout. « Elle leur a dit pendant toute leur enfance de ne pas faire de bruit, rappelle un proche de la famille, elle a fait d’Alain et de Gérard deux grands introvertis. » Cette mère si puissante a pourtant joué un rôle central dans la prise de pouvoir de ses garçons à la tête de Chanel.

Divorcée depuis 1952 de leur père, Jacques (1911-1996), et remariée avec un amateur de chasse et de campagne, Didier Heilbronn, avec lequel elle a eu un fils, Charles, elle n’a cessé de faire en sorte que ses deux premiers fils et leur demi-frère s’entendent et travaillent de concert. C’est aussi elle qui conseilla à Alain et à Gérard de faire mettre sous tutelle leur père et de reprendre à sa place l’entreprise, en 1974. Jacques Wertheimer, grand collectionneur d’art, mais atteint d’un syndrome maniaco-dépressif, invitait toute l’aristocratie à la chasse, distribuait des tableaux de maître à qui le lui demandait, achetait des appartements à ses maîtresses et avait fini par menacer, par ses dépenses insensées et son comportement erratique, les finances et la survie même de la maison.

Echapper à l’impôt Alain, son aîné, avait tout juste 25 ans lorsque la charge lui incomba. Il aurait souhaité un autre destin. Passionné d’histoire, les lettres l’ont toujours attiré davantage que les chiffres, mais a-t-on le choix quand il s’agit de reprendre le flambeau d’une pareille entreprise ? Un demi-siècle plus tard, Alain Wertheimer prend encore toutes les décisions d’importance pour Chanel, avec la directrice générale monde du groupe, Leena Nair. Il laisse les experts du groupe s’occuper des vignobles que Chanel possède dans le Bordelais, à Porquerolles (Var) ou dans la Napa Valley, en Californie. Mais c’est avec son frère Gérard qu’il veille sur les quelque 400 poulinières, yearlings et chevaux qui courent sous leurs couleurs – casaque bleue avec coutures, manches et toque blanches – sur les plus grands hippodromes.

Lire aussi Mode et création : où sont les femmes ? Délégué par les Wertheimer pour parler au Monde, Philippe Blondiaux, le directeur financier de Chanel, décrit ainsi les deux frères : « Alain est cérébral. Il supervise toutes les campagnes publicitaires, le design des boutiques, les grandes décisions stratégiques, entre autres. Gérard est chaleureux. A mes débuts, il m’appelait toutes les trois semaines pour savoir comment j’allais. Mais, d’une façon générale, nous travaillons dans la confiance, sans nous sentir sans cesse évalués. »

Cela n’empêche pas les décisions parfois abruptes. Ainsi, le départ de la directrice artistique, Virginie Viard, a été annoncé le 6 juin, de façon tout à fait inattendue. Cette femme, qui avait été le bras droit de Karl Lagerfeld pendant plus de trente ans avant de lui succéder après sa mort, en 2019, a disparu du jour au lendemain, deux semaines à peine avant la présentation de la collection qu’elle avait dessinée.

Lire aussi Virginie Viard quitte Chanel à la surprise générale Enfin, il faut aussi compter avec Charles Heilbronn, ce demi-frère âgé de 69 ans avec lequel Alain et Gérard Wertheimer ont grandi. Lorsqu’on lit, dans l’intitulé de certains investissements, Wertheimer et frère, le frère, c’est lui. Plus ouvert, doté d’un solide humour, c’est aussi un financier hors pair. A New York, son bureau est quasi contigu à celui d’Alain, au 40e étage de la tour Chanel, à Manhattan, entièrement décoré d’œuvres d’art. Et si, en 2017, la majorité des fonctions globales de l’entreprise (ressources humaines, juridiques, RSE et finances) a été transférée à Londres, avec une cinquantaine d’employés et de cadres, leur proximité est restée la même. Charles Heilbronn dirige ainsi Mousse Partners, le « family office » alimenté par la holding Mousse Investments Limited, dont Alain et Gérard sont les deux actionnaires à parité et qui est depuis 1979 domiciliée sur l’île de Grand Cayman, la plus grande des îles Caymans, aux Caraïbes, où il n’y a ni impôt sur les sociétés, ni taxes foncières, ni droits d’apports, ni charges sociales, ni retenue à la source sur les dividendes.

Lire aussi (2017) Les actionnaires de Chanel ont vu leurs dividendes doubler en 2016 C’est aussi pour cela que les Wertheimer n’aiment pas que la presse s’intéresse à eux : entre la domiciliation de leur entreprise en Angleterre et celle de leur holding familiale dans un paradis fiscal, ils jouent de tous les mécanismes d’optimisation.

Le talent indéniable de « Coco » Ce n’est pas le seul secret de cette famille qui a traversé toutes les secousses, les drames et les flamboyances du XXe siècle. Même les directeurs des grands musées n’ont jamais vu entièrement la fabuleuse collection d’art commencée par le père, Jacques, et complétée patiemment par les fils. « C’est probablement l’une des plus belles collections privées, elle est encyclopédique et universelle, avec des pièces de toutes les époques, de toutes les civilisations, des objets préhistoriques, des antiquités égyptiennes, ou des Picasso, des Klein, des Giacometti et Rothko », décrit un fameux commissaire-priseur en nous faisant jurer l’anonymat, de peur de se fâcher avec les Wertheimer. « La famille prête parfois des pièces pour des expositions, mais apparaît rarement, complète Laurent Le Bon, le patron du Centre Pompidou. Le Louvre, Orsay, tous les grands musées américains, français et britanniques ont les Wertheimer pour mécènes, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’en font pas étalage… »

On aurait tort, cependant, de prendre leur discrétion pour un retrait à l’égard des affaires de l’entreprise. Les Wertheimer ne se montrent pas, mais ils ont un sens indéniable de la stratégie et des hommes. L’ancien patron d’Hermès, Jean-Louis Dumas (1938-2010), qui les connaissait très bien, disait autrefois d’Alain et de Gérard : « Moi, je gère ma maison en conduisant devant, les Wertheimer conduisent la leur assis à l’arrière, comme sur un sulky. » Karl Lagerfeld, qui contribua à moderniser la société et fut pendant trente-cinq ans leur paravent, attirant la lumière à leur place, disait les choses un peu autrement : « Vous savez, Alain Wertheimer n’est pas le genre à vous dire quelles sont les tendances, confiait-il avec son accent de Hambourg, mais je connais ça, ces esprits prussiens qui font des affaires en s’entourant des meilleurs. »

Lire aussi (2019) L’Etat va obliger les grands patrons établis à l’étranger à payer le plus d’impôts possible en France « Prussienne », la famille l’est en effet, elle dont on retrouve les premières traces au XVIIIe siècle dans la communauté juive du sud de Francfort, en Allemagne, puis en Alsace, après le rattachement de celle-ci à la France. Mais l’histoire commence vraiment quand le patron des Galeries Lafayette, Théophile Baader (1864-1942), présente en 1924 deux de ses connaissances en affaires, les frères (déjà) Paul (1883-1948) et Pierre Wertheimer (1888-1965), à Gabrielle Chanel (1883-1971). Ces deux gros commerçants, qui possèdent déjà la société de cosmétiques Bourjois, comprennent immédiatement le talent indéniable de « Coco ».

A 41 ans, cette ancienne enfant de l’assistance publique, devenue chanteuse de cabaret, cousette et enfin couturière, a un style à la fois chic et moderne, garçonne et féminin, avec ses marinières, ses petits canotiers et une silhouette qui a traversé les époques. Pourtant, si la famille ne l’avait pas constamment financée, malgré l’adversité, sans doute ne serait-elle pas devenue la seule femme internationalement connue dans un milieu dominé par les hommes, et son patronyme une marque mondiale et florissante.

« De la France du XXe siècle, il ne restera que trois noms : de Gaulle, Picasso et Chanel », avait prédit André Malraux (1901-1976). Et c’est vrai que, plus d’un demi-siècle après la mort de la célèbre couturière en 1971, ses initiales entrelacées forment un sigle familier du public, bien au-delà de nos frontières. Le N° 5 est l’un des parfums les plus célèbres et les plus vendus au monde. Le tailleur en tweed de laine gansé, imaginé par Gabrielle Chanel en 1956, compte parmi les pièces iconiques de la mode. Mille fois réinterprété selon les époques, il a été porté aussi bien par Simone Veil que par Inès de la Fressange, Hillary Clinton ou Taylor Swift. C’est pourtant bien les Wertheimer qui, sur trois générations, s’attachèrent à ne garder que le meilleur de Gabrielle Chanel en « oubliant » sa face sombre.

Lire aussi (2021) A 100 ans, Chanel N° 5 continue de faire son numéro Il a fallu, en effet, plusieurs décennies pour que l’on comprenne exactement la teneur de leurs relations avec « Coco ». Dans les années 1920, l’accord entre Pierre et Paul Wertheimer et Gabrielle Chanel répartissait ainsi les parts : 10 % pour la couturière, 20 % pour les associés Adolphe Dreyfus et Max Grumbach, 70 % pour les Wertheimer. A charge pour ces derniers de financer aussi le train de vie de « Mademoiselle », qui, si elle travaillait et recevait rue Cambon, à deux pas du jardin des Tuileries, dans le 1er arrondissement de Paris, dormait tous les soirs au Ritz, le célèbre palace parisien de la place Vendôme. Chanel présidait le conseil d’administration, mais les Wertheimer géraient.

Pierre Wertheimer à l’hippodrome de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) lors du match entre son cheval Epinard et le pur-sang Sir Gallahad, le 19 mai 1924. AGENCE ROL / BNF L’entente ne dure pas. En 1929, la crise fait chuter le chiffre d’affaires et introduit la méfiance entre Coco Chanel et la famille. Cinq ans plus tard, elle engage un procès contre eux, défendue par Me René de Chambrun (1906-2002), le gendre du président du Conseil, Pierre Laval (1883-1945), qui sombrera plus tard dans la collaboration. En 1939, Pierre Wertheimer vient à peine de redresser un peu la barre que la guerre éclate, l’obligeant à fermer les ateliers Chanel et à licencier 3 000 ouvrières. Quelques mois plus tard, les lois de Vichy menacent les juifs et la famille s’exile aux Etats-Unis, où naîtront Alain et Gérard.

L’épisode le moins avouable C’est là qu’intervient l’épisode le moins avouable de cette histoire. La formule du N° 5 et surtout les essences de jasmin et de rose de mai servant de base au parfum sont restées en France. Depuis New York, les Wertheimer chargent alors un jeune agent américain de rapatrier les matières premières et se mettent à produire le N° 5 aux Etats-Unis. Ils ont également délégué un ami, Félix Amiot (1894-1974), pour se porter acquéreur de leurs participations dans Bourjois et Chanel afin d’éviter l’« aryanisation », autrement dit la confiscation, de leurs biens. Gabrielle Chanel, elle, côtoie au Ritz toute la Kommandantur et entretient une liaison avec un officier proche d’Hitler. Collaboratrice notoire, elle se croit puissante. Le 5 mai 1941, la voici qui réclame aux autorités allemandes la propriété des Parfums Chanel, assurant qu’« ils sont toujours la propriété de juifs » et qu’ils ont été légalement « abandonnés » par leurs propriétaires, les Wertheimer. Miraculeusement, elle n’obtient pas satisfaction.

Lire aussi (2012) Coco Chanel, possédée par sa légende « Sans Churchill, elle aurait été tondue », écrivait sa biographe, Edmonde Charles-Roux (1920-2016). Sans la conciliation avec les Wertheimer, pourrait-on ajouter. Après la guerre, leurs biens leur ont été restitués et ils sont redevenus les propriétaires de Chanel. Le « Number Five » est aussi devenu LE parfum français des Etats-Unis. Peuvent-ils vraiment continuer sans Gabrielle Chanel, qui, depuis la Suisse où elle s’est réfugiée, multiplie les procès contre eux ?

En 1948, après la mort de Paul Wertheimer, son frère, Pierre, reprend seul les rênes de la société. C’est lui qui conclura finalement un arrangement avec celle qui a tenté de le spolier. Elle percevra désormais des royalties : 2 % des ventes mondiales des parfums et la poursuite du règlement de son luxueux train de vie. Six ans plus tard, il lui rachète ses parts dans la maison de couture et la pousse à reprendre son activité de modiste. Il ne le regrettera pas : si les deux premières collections de Mademoiselle sont des échecs, le lancement de ses tailleurs gansés et du total look Chanel est un énorme succès. Pierre Wertheimer, qui possède désormais 100 % de la société, voit sa fortune exploser.

Longtemps, les Wertheimer chercheront à gommer cet épisode peu reluisant du parcours de la couturière avec laquelle ils ont partie liée. Pierre Wertheimer puis son fils Jacques, qui a pris la succession en 1965, la laissent volontiers réinventer sa légende. Ils n’ont pas intérêt à abîmer l’image de l’icône de la mode et, partant, de leur société, en l’associant à une déshonorante collaboration.

De la même façon, la succession ratée entre Pierre et son fils unique, Jacques, a longtemps été passée sous silence. En 1965, « le petit », comme l’appelle alors « Coco » avec condescendance, a pris la direction de la société. Pierre Wertheimer était un gestionnaire rigoureux, mais considérait son fils comme un incapable. Jacques est un esthète plein d’humour, cultivé, nonchalant et paresseux. Il est aussi assez largement dépendant de drogues et de médicaments divers, mélange anciens et nouveaux francs et dépense sans compter.

C’est pourtant lui qui enrôlera Jacques Helleu (1938-2007), petit-fils du peintre Paul César Helleu (1859-1927), un visionnaire dont les innovations vont révolutionner l’esthétique des flacons de parfum et des publicités du groupe, désormais photographiées par Helmut Newton (1920-2004) ou Richard Avedon (1923-2004). Lorsqu’il sera placé sous tutelle par ses fils, Jacques Wertheimer terminera sa vie chez lui, 55, avenue Foch, au milieu d’antiquités égyptiennes, de maîtres de l’impressionnisme et de tableaux de Nicolas de Staël (1914-1955), dont il fut le premier à repérer le talent.

Système de gouvernance très solide Qu’ont apporté après lui ses deux garçons, Alain et Gérard ? Un sens certain de la stratégie et du recrutement. Alain, surtout. En 1982, l’aîné des Wertheimer a déjà restructuré l’entreprise, réintégré la fabrication et la distribution du prêt-à-porter, redonné du prestige aux parfums – le N° 5 demeure le must de la maison – en arrêtant leur vente en drugstore. Reste à rénover la couture et à donner à l’entreprise de luxe une image globale.

La bonne idée d’Alain Wertheimer est d’engager, en 1982, Karl Lagerfeld, que lui a présenté sa directrice pour les Etats-Unis, Kitty D’Alessio (1927-2023). « J’ai rencontré Alain Wertheimer dans sa maison à Londres et nous avons longuement discuté », a raconté des années plus tard Karl Lagerfeld au Monde. Ce mercenaire de la mode est fin et cultivé. Il connaît aussi parfaitement l’histoire de Gabrielle Chanel et son univers. Choisir un Allemand pour incarner une marque si française est osé. « Il en sait plus sur Chanel que moi-même », glisse cependant le propriétaire de la maison à ses proches. « A la fin de la discussion, affirmait encore le couturier, il m’a dit : “Faites ce que vous voulez, mais si cela ne marche pas, je vends !” Et j’ai répondu : “Ecrivez dans le contrat le ‘Faites ce que vous voulez’” ! »

Lire aussi (2018) Karl Lagerfeld, au nom de Chanel Les conditions financières semblent exceptionnelles : un million de dollars pour deux collections de couture par an et le prêt-à-porter Chanel. « Karl va nous apprendre la mode », a confié Alain Wertheimer à Jacques Polge, le parfumeur de Chanel. Le propriétaire a eu du flair : dès l’année 1984, les ventes s’envolent. En 1985, au moment de renouveler son contrat, Lagerfeld réclame désormais un million de dollars par collection ! Accepté. « Entre les Wertheimer et moi, c’est comme entre Faust et le diable », dit-il encore au Monde, assurant avoir avec eux un contrat « à vie ». De fait, le pacte a valu jusqu’à la mort du « Kaiser Karl », le 19 février 2019.

Lire aussi (2019) Karl Lagerfeld, les derniers jours d’un monstre sacré Les Wertheimer savent qu’ils ne sont pas éternels, même s’ils se sont dotés d’un système de gouvernance très solide. Sous l’impulsion de Charles Heilbronn, Mousse Partners s’occupe de la formation des cinq héritiers Wertheimer à leur rôle d’actionnaires en réunissant régulièrement les trois enfants d’Alain, Sarah, Nathaniel et Raphaël, ainsi que la fille et le fils de Gérard, Olivia et David. Mais aussi leurs cousins Heilbronn, Arthur, Charlotte et Louis. « Nous avons la chance d’être une famille très unie, qui a construit sa vie hors de France dès le milieu des années 1970, nous a écrit Charles Heilbronn dans un courriel. Malgré notre dispersion géographique, nos enfants et nos petits-enfants se voient autant que possible. Pouvoir garder ce lien familial aussi fort, sur plusieurs générations, est une chance et une véritable joie. »

La reine Elisabeth II présente le trophée aux propriétaires Gérard Wertheimer et Alain Wertheimer, après la victoire de leur cheval Solow à l’hippodrome d’Ascot (Angleterre), le 17 octobre 2015. GETTY IMAGES VIA AFP Le cadet d’Alain Wertheimer, Nathaniel, 37 ans, après avoir fait un MBA à la Harvard Business School, entré chez Chanel en 2020, semble effectuer une forme d’apprentissage au sein de Chanel, où il tourne dans les départements les plus stratégiques. Arthur Heilbronn, 37 ans, le dernier des trois enfants de Charles, lui aussi diplômé de la Harvard Business School, est pour sa part entré chez Mousse Partners et accompagne désormais souvent son père, comme une sorte de future intronisation. Pas question, pour autant, de s’afficher dans les manifestations publiques de Chanel ou dans les médias. Et c’est en toute discrétion qu’une fois l’an la famille se réunit pour déguster les millésimes du Château Rauzan-Segla, un cru classé de margaux qui leur appartient. De ces réunions, nulle trace médiatique. Aucun des membres de la quatrième génération ne cède non plus aux sirènes des réseaux sociaux, fidèles à la discrétion enseignée par leurs parents Wertheimer et Heilbronn. De génération en génération.

8
Arte à l'avant-garde du conformisme (www.monde-diplomatique.fr)
submitted 2 weeks ago* (last edited 2 weeks ago) by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu
9
submitted 2 weeks ago by Klaqos@sh.itjust.works to c/france@jlai.lu
view more: next ›

Klaqos

joined 1 month ago