La Cigale ayant vécu tout l'été sans souci,
Voyageait en avion vers Miami,
Roulait en SUV par la ville,
Consumait sans répit plastique et pétrole utile.
Elle vivait dans l'instant présent,
Ignorant superbement
Les alertes des scientifiques patients :
"Le climat se réchauffe dangereusement !"
Pendant ce temps, sa voisine la Fourmi
Travaillait jour et nuit,
Isolait sa maison avec soin,
Prenait le vélo matin et soir,
Triait ses déchets avec espoir,
Mangeait local, réduisait ses besoins.
"Pourquoi te priver ainsi ?" riait la Cigale,
"La vie est si banale
Quand on refuse de voyager !
Moi je vis sans me priver,
L'avenir ? Il faut bien en profiter !"
La Fourmi, sage et prévoyante,
Répondait d'une voix inquiétante :
"Tes excès d'aujourd'hui,
Cigale, nous coûteront demain la vie."
Mais l'autre insouciante poursuivait sa route,
Consumant sans écoute,
Multipliant les vols transatlantiques,
Les achats en plastique,
Les plaisirs énergétiques.
Quand les tempêtes furent venues,
Les canicules inattendues,
La Cigale chercha refuge
Chez la Fourmi, après le déluge.
"Ma maison s'est écroulée,
Mes biens ont été emportés,
Peux-tu m'aider, voisine ?
Car la catastrophe s'obstine."
La Fourmi, le cœur serré,
Dut alors avouer :
"Hélas ! Cigale imprudente,
Malgré ma vie si différente,
Malgré tous mes efforts constants,
Tes excès d'insouciante
M'emportent dans la tourmente.
Car nous partageons le même ciel,
La même terre, le même miel.
Ton carbone dans l'atmosphère
A réchauffé notre planète entière.
Mes économies, mes privations,
N'ont pu compenser tes émissions.
Nous voici toutes deux punies :
Toi de ton insouciance,
Moi de ton inconséquence."
Et c'est ainsi que la morale
De cette fable nous égale :
Dans un monde interconnecté,
Les excès de quelques-uns
Condamnent tous les autres, chacun.
Car le climat ne connaît frontière,
Et nos destins sur cette Terre
Sont liés pour le meilleur et le pire :
L'égoïsme de l'un fait l'autre mourir.