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Europe Écologie-Les Verts (EELV), rebaptisé Les Écologistes samedi 14 octobre, affirme, dans la feuille de route de sa convention de refondation, l’ambition de « devenir le premier parti des ruralités », malgré les nombreux sujets de fâcherie entre écologistes et ruraux.

Reconquérir l’électorat populaire, que ce soit dans les quartiers ou dans la ruralité, apparaît dans de nombreux discours politiques comme la clef pour la victoire en 2027. Europe Écologie-Les Verts (EELV), rebaptisé samedi 14 octobre Les Écologistes, affirme ainsi dans la feuille de route de sa convention de refondation l’ambition de « devenir le premier parti des ruralités».

Un vrai défi, tant les sujets de fâcherie semblent nombreux entre les écologistes et les ruraux. C’est d’ailleurs dans les communes rurales, celles qui sont les plus réactives à l’augmentation des prix des carburants, que Marine Le Pen a obtenu ses meilleurs scores : jusqu’à 56 % en moyenne au second tour de l’élection présidentielle.

« Dans les territoires où la gauche a disparu, c’est l’écologie qui redonne un débouché politique, qui porte de nouveaux espoirs », assure malgré tout Guillaume Hédouin, conseiller régional EELV de Normandie, dans le contexte de l’organisation, début octobre, des premières « universités des ruralités écologistes ». « Ce sont dans les terrains les plus à droite, parfois même les plus à l’extrême droite, que l’on voie le vote écologiste progresser petit à petit », insiste-t-il.

Un jeune doctorant, Simon Audebert, est d’ailleurs venu donner de l’espoir aux participants. Dans ses travaux, qui ne sont pas publiés, il distingue entre un rural en déclin démographique et social, acquis à l’extrême droite, et un rural au patrimoine valorisé (par exemple, un parc naturel), qui attire des néoruraux au tropisme écologique.

Preuve que ce n’est pas là que les écologistes sont attendus, peu de médias ont couvert ces « universités des ruralités écologistes ». Les rares comptes rendus font pourtant état d’intéressants mea-culpa, jusqu’au président du groupe sénatorial écologiste, Guillaume Gontard (Isère) : « On a intégré notre caricature et on l’alimente. » Les pistes de réponse avancées : « Aller vers le positif et ne pas montrer du doigt ou provoquer », sortir « des discours de stigmatisation sur la chasse, la viande » ou encore « du cliché de bobo-végane donneur de leçons qui voudrait tout interdire ».

« En parlant de grands concepts, on s’est piégés à ne s’adresser qu’aux surdiplômés des grands centres urbains », reconnaît Marie Pochon (Drôme), députée EELV se revendiquant de la « génération climat ». « L’écologie des champs n’a plus aujourd’hui la même visibilité médiatique que l’écologie des métropoles (Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Grenoble), mais elle a historiquement toujours existé », poursuit-elle en citant l’exemple de José Bové. Le parcours de l’ancien président de la Confédération paysanne est lié à la lutte dans les années 1970 contre l’extension d’un camp militaire sur le plateau du Larzac, premier lieu de convergence entre éleveurs, pacifistes, régionalistes occitans et écologistes.

« Nous sommes les meilleurs alliés des ruraux car nous sommes les seuls à leur proposer des solutions crédibles et durables, argumente Marie Pochon en ciblant la majorité présidentielle. Dire qu’en milieu rural, où 80 % des trajets entre le domicile et le travail se font en voiture individuelle, le tout-voiture électrique sera une réponse à la fin des voitures thermiques en 2035 n’est pas tenable. Ce qu’il faut, c’est sortir du tout-voiture grâce à une nouvelle offre de mobilité collective. »

« Enfermée dans une sorte de populisme rural, la droite dénonce en même temps le risque d’une “désagriculturisation” et l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN), qualifié par Laurent Wauquiez de “ruralicide” alors qu’il permet justement de préserver les surfaces agricoles », dénonce en outre Marie Pochon.

Face à ces scénarios intenables ou à ces contradictions, le discours écologiste avance patiemment. Lors du dernier congrès de l’Association des maires ruraux de France, fin septembre, le maire EELV du village de Luc-sur-Aude, Jean-Claude Pons, a en effet défendu avec succès le concept de « biens communs naturels » : la forêt, l’eau, la terre et la biodiversité. L’argument qui a fait mouche : leur préservation devrait être prise en compte dans la dotation de l’État aux collectivités locales en ce qu’ils « rendent des services essentiels à toute la population et, plus largement, au vivant, et jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique ».

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[-] Camus@jlai.lu 1 points 1 year ago
this post was submitted on 14 Oct 2023
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